jobard

jobard

jobard, arde [ ʒɔbar, ard ] adj. et n.
• 1804; de jobe « niais » (1547), probablt de °job « gosier »
Vieilli Crédule jusqu'à la bêtise. naïf, niais. Il est vraiment jobard. Avoir l'air jobard. Par ext. Une crédulité jobarde.
N.fam. 2. gogo, jocrisse. « toutes les sociétés sont formées de jobards » (Huysmans). « Vous me prenez pour un imbécile, pour un jobard ? » (Anouilh).
⊗ CONTR. Malin.

jobard, jobarde adjectif et nom (moyen français jobe, niais, de Job, nom propre) Familier. Qui est très naïf, facile à tromper. ● jobard, jobarde (synonymes) adjectif et nom (moyen français jobe, niais, de Job, nom propre) Familier. Qui est très naïf, facile à tromper.
Synonymes :
- gobe-mouches (familier)
- gogo (familier)

jobard, arde
adj. et n. Fam. Se dit d'une personne qui est crédule, facile à duper.

⇒JOBARD, -ARDE, adj. et subst.
Fam. (Celui, celle qui est) trop naïf, d'une grande crédulité. Passer pour un jobard; prendre qqn pour un jobard; traiter qqn de jobard. Quand on a des rentes, sacristi! il faudrait être jobard pour s'esquinter le tempérament (MAUPASS., Pierre et Jean, 1888, p. 323). J'aime Odette de tout mon cœur, mais pour lui faire des théories d'esthétique, il faut tout de même être un fameux jobard! (PROUST, Swann, 1913, p. 228). V. canaillerie ex. 1 :
... un jobard qui ramasse avec joie un papier plié en quatre, qui le fourre dans sa poche, (...) entre furtivement dans une allée pour y développer sa trouvaille qui se trouve n'être qu'un prospectus de vente au rabais...
KOCK, Ni jamais, 1835, p. 280.
[P. méton.] Emploi adj. Qui caractérise une telle personne, qui en est le fait. Il a un air jobard (Ac. 1935). Diderot, dont les « Salons » tant vantés lui paraissaient singulièrement remplis de fadaises morales et d'aspirations jobardes (HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 191). L'ignorance, les niaises pudeurs, les crédulités jobardes (BLOY, Désesp., 1886, p. 54).
REM. 1. Jobardement, adv., fam. D'une manière jobarde. Curieux d'alchimie et de traditions occultes, mais sans archaïque manipulation de substances, jobardement épris de toute absconse doctrine capable de travestir son néant (...) il gratifie d'excellents dîners tous les estomacs influents qu'il suppose coutumiers des reconnaissantes digestions (BLOY, Désesp., 1886p. 23). 2. Jobardisme, subst. masc., fam. Synon. rare de jobarderie, jobardise (infra dér. 2). Il n'a du rôle de médecin ici-bas, qu'une notion confuse, gâtée par sa confiance dans le jobardisme de ses contemporains (L. DAUDET, Dev. douleur, 1931, p. 81).3. Jobin, -ine, adj., pop. Synon. de jobard. Ce n'est guère poli; je ne suis pas assez jobine, pour qu'on nous traite comme une mioche (Le Père Lantimèche, 55 [Basset et Martin], 1805 ds QUEM. DDL t. 19).
Prononc. et Orth. : [], fém. [-]. Att. ds Ac. 1935. Étymol. et Hist. 1807 subst. jobbard (FRANCIS, DÉSAUGIERS, MOREAU, Taconnet chez Ramponneau, p. 7 (Barba) ds QUEM. DDL t. 18); 1808 subst. (Frédéric [DUPETIT-MÉRÉ], La Famille des Jobards ou Les Trois cousins, vaudeville en un acte, Paris, 1810, p. 12 : savez-vous ce qu'on appelle un Jobard, à Paris? [...] C'est une bête); 1834 adj. (SAINTE-BEUVE, Corresp., t. 1, p. 442). Dér. de job(e) « niais, sot » (v. job1); suff. -ard. Cf. en m. fr. joubard (1571, M. DE LA PORTE, Épithetes ds GDF. : chien joubard), de sens obsc., défini « qui aime à plaisanter, à s'amuser » ds GDF., « qui aime à folâtrer » ds FEW t. 4, p. 428b, non défini par HUG.; GDF. cite également Jobar comme nom propre en 1161 (Cart. de St Loup, f° 40 v°, orig., Arch. Aube : Constantius Jobar), et un verbe a. fr. enjobarder « tromper, se moquer de » (fin XIIIe s., JEAN DE MEUNG, Testament, ms. [Rome] Corsini, f° 154d [XIVe s.]). Le m. fr. et les dial. connaissent d'autres dér. de job(e) au sens de « sot, nigaud, niais » (FEW t. 4, p. 428b), v. jobelin. Fréq. abs. littér. : 43.
DÉR. 1. Jobarder, verbe trans., fam. Duper, tromper (quelqu'un d'une grande naïveté, d'une grande crédulité). — Dis donc! le forgeron te fait de l'œil (...). Oh! Je suis bien tranquille, il est trop godiche... On le lui rendra, son argent. Mais, vrai, s'il avait affaire à de la fripouille, il serait joliment jobardé (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 492). — De ces huit ans, pas un jour ne s'est écoulé qui n'ait été pour votre « amie » l'occasion d'une petite canaillerie nouvelle; pas un soir, vous ne vous êtes couché qu'excellemment jobardé et cocufié comme il convient (COURTELINE, Boubouroche, 1893, I, 3, p. 42). [], (il) jobarde []. 1re attest. 1839 (BALZAC, Illus. perdues, p. 388); de jobard, dés. -er. 2. Jobarderie, jobardise, subst. fém., fam. Grande naïveté, grande crédulité. Ce nom [d'Astier], grâce à vous, le voilà devenu synonyme d'ignorance et de jobardise, on ne peut plus le prononcer sans rire (A. DAUDET, Immortel, 1888, p. 296). Ma science, mon sens critique (...) se développent, sans que toutefois, en ce qui me concerne ma crédulité, ma jobarderie de novice diminuent (ARNOUX, Double chance, 1958, p. 31). [], []. Ds Ac. 1935 : -derie. 1res attest. a) 1836 jobarderie (SOUVESTRE, Derniers Bretons, t. III, p. 22 ds Fr. mod. t. 18, p. 137); b) 1887 jobardise (LAFORGUE, Poésies, p. 153); de jobard, suff. -erie (a), -ise (b).
BBG. — QUEM. DDL t. 1 (s.v. jobarder); 5 (s.v. jobardisme); 18.

jobard, arde [ʒɔbaʀ, aʀd] adj. et n.
ÉTYM. 1808, Esnault (1807, jobbard, in T. L. F.); joubard, 1571; du moy. franç. jobe (1547, Du Fail) « niais », probablt apparenté à job « gosier » (selon Guiraud, qui rejette l'hypothèse du n. pr. Job), du roman gaba « gorge, jabot » (→ Gaver), par l'intermédiaire d'une forme en gaub-, le jobard étant « un gobeur qu'on gave (en lui faisant tout avaler) »; → ci-dessous cit. 6, et aussi Gober, jobelin; et cf. le sémantisme « faire, dire des choses vaines; s'amuser », du dialectal jober.
Crédulejusqu'à la bêtise. Naïf, niais; jobelin (I., vx). || Il est, il a l'air jobard.Par ext. || Une crédulité jobarde (→ Comprimer, cit. 6).
1 (…) si tu te connais aux chiffres, tu m'as l'air assez jobard sur le reste (…)
Balzac, Splendeurs et Misères des courtisanes, Pl., t. V, p. 795.
2 (…) est-ce que vous seriez assez jobard pour vouloir payer les dettes de monsieur Bernard ?
Balzac, l'Initié, Pl., t. VII, p. 369.
N. (→ Gouapeur, cit. 1, Balzac). || C'est un pauvre jobard.
3 (…) toutes les sociétés sont formées de jobards, et, à leur tête, il y a toujours des farceurs qui les exploitent.
Huysmans, Là-bas, XVII.
4 Il y avait longtemps que nous ne croyions plus à rien, même pas à rien. Les nihilistes de 1880 étaient une secte mystique, des rêveurs, les routiniers du bonheur universel. Nous, nous étions aux antipodes de ces jobards et de leurs fumeuses théories. Nous étions des hommes (…)
B. Cendrars, Moravagine, in Œ. compl., t. IV, p. 125.
5 — Je ne suis pas assez grand pour le voir tout seul, si cela est ?
— Non. Je ne le crois pas.
— Vous me prenez pour un imbécile, pour un jobard ?
J. Anouilh, Pauvre Bitos, p. 147.
6 Les coquillards étaient (…) des « niais ». Entendez des trompeurs qui contrefaisaient les niais pour mieux duper leurs victimes (…) C'est là un sémantisme fondamental dans les argots. Les ballades de Villon sont données sous le titre de jargon et jobellin, entendez le « langage des jobs » ou « niais », mot qui survit dans l'actuel jobard.
Pierre Guiraud, le Jargon de Villon ou le gai savoir de la Coquille, p. 282.
CONTR. Malin; fin.
DÉR. Jobardement, jobarder, jobarderie ou jobardise.

Encyclopédie Universelle. 2012.

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